Depuis la place des Droits de l'Homme à Evry (91), les jeunes majeurs s'adressent à François Hollande.
Monsieur le Président de la République,
Nous
lançons symboliquement cet appel de la place des Droits de l’Homme
d'Évry, dans la ville de votre ministre de l’intérieur. Manuel Valls
annonce une circulaire de régularisation qui va décider du destin de
plusieurs milliers d’entre nous.
Nous sommes des citoyens, des adultes, des jeunes et des vieux, de ceux qui refusent de se taire quand se commet l’injustice.
Nous sommes d’anciens lycéens sans papiers, aujourd’hui français ou en situation régulière.
Nous
sommes des jeunes, des jeunes comme tous les autres, filles et
garçons, nous sommes scolarisés et nous avons les désirs et les rêves
de notre âge.
Notre présent est ici. D’une façon ou d’une autre, nous y aurons aussi notre avenir.
Nous sommes comme tous les jeunes, et pourtant, tout nous sépare d’eux : des lois, des lois absurdes et injustes font de nous des transparents, des exclus, des hors-la-loi. Les hasards de notre naissance, pas toujours heureux, ceux de nos courtes vies, font qu’à 18 ans, à l’âge où nos copains s’inscrivent sur les listes électorales, passent leur permis, tombent amoureux, nous nous retrouvons sans papiers, sans avenir, notre jeunesse volée!
Nous
vous avons demandé de nous recevoir. En vain. Nous vous avons invité
aujourd'hui. Si vous aviez répondu à cette invitation, vous auriez
rencontré les anciens lycéens que les gouvernements précédents
voulaient expulser et que la solidarité de leurs camarades a
sauvé. Vous les auriez entendu témoigner de ce qu’ils sont aujourd’hui,
aide-soignante, cadre, plombier, assistante de vie,
ingénieur. Français pour beaucoup, parents pour certains … et comme
nous, vous auriez été fiers de ce qu’ils sont.
Monsieur
le président, vous avez déclaré vouloir faire de la jeunesse une
priorité de votre quinquennat. Il faut passer à l’acte. La circulaire
que vous préparez doit régulariser les jeunes scolarisés sans papiers.
Leur donner une chance, c’est aussi donner la chance à la société de
les accueillir. C’est un geste important pour eux. C’est aussi un geste
important pour toute la jeunesse, la génération la plus métissée que
ce pays ait jamais connue. Les jeunes verront dans cette décision la
reconnaissance de ce qu’ils sont.
Nous, lycéens aujourd’hui sans papiers,
Nous
adultes jeunes et moins jeunes ayant été lycéens sans papiers, devenus
citoyens français pour certains, appelés à le devenir pour d'autres,
parents ou futurs parents d’enfants français, membres de plein droit de
la société,
Nous,
élèves, étudiants, enseignants, parents d’élèves, citoyens engagés,
artistes, élus, la multitude qui empêche que ces jeunes soient
expulsés.
Nous avons arraché la régularisation de leurs aînés et nous arracherons la leur.
Nous
proclamons sur cette place des droits de l’Homme que les jeunes
majeurs scolarisés ou qui l'ont été, les mineurs aujourd'hui isolés,
tous ces jeunes, quelle que soit leur nationalité actuelle, sont
légitimes ici.
Ils y ont leur présent et leur avenir. Ils doivent être régularisés.
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