Circulaire Valls :
Une régularisation au rabais qui ne règle rien !
Après
de longs mois d’attente et quelques échanges inaboutis avec syndicats
et associations, la circulaire Valls sort au moment où l’opposition de
droite est provisoirement inaudible.
Point
n’était besoin de ce luxe de précaution : les critères proposés pour
permettre la délivrance de titres de séjour aux étrangers privés du
droit au séjour par les lois de l’ère Sarkozy ne seront ni plus
généreux, ni plus respectueux des droits. Il s’agit d’une régularisation de Gribouille. Elle
conforte l’image d’un gouvernement qui sur tous les terrains, du vote
des étrangers aux élections locales à la politique de l’immigration en
passant par les contrôles au faciès, se refuse à la confrontation
idéologique avec la droite et l’extrême droite. Mais refuser le combat,
c’est le plus souvent laisser le champ libre à l’adversaire…
Pour
les parents, l’exigence de 5 années de présence, de trois ans de
scolarisation pour les enfants exclut un trop grand nombre d’entre eux,
les maintenant un peu plus longtemps dans les situations de détresse
morale et matérielle qui sont les leurs et celle de leurs enfants. Au
mépris des droits de l’enfant. Et ce n’est pas dans les critères «
salariés » que ses parents, ou les célibataires, pourront trouver une
issue : la plupart travaillent de façon non déclarée, un peu plus
exploités et précarisés encore, et rien n’est prévu pour eux.
Enfin
pour les jeunes devenus majeurs, la circulaire passe aussi à côté du
but : en cumulant les exigences (années de résidence et de cursus
scolaire et/ou présence de parents en situation régulière pour permettre
la délivrance d’un titre pérenne), elle avance l’accès de droit au
séjour aux jeunes arrivés avant seize ans au lieu de treize
actuellement. Ce n’est pas indifférent, mais tous ceux qui connaissent
la réalité du terrain savent qu’un tel verrou laissera de côté un bon
nombre des jeunes que nous défendons.
Tous
les autres se verront délivrer au mieux un titre « étudiant », dont
chacun sait qu’il ne règle rien à terme, ou seront menacés comme avant
d’une expulsion brutale !
•
Que deviendront les jeunes qui sont venus rejoindre un frère, une
soeur, un oncle ou une tante et dont les parents sont encore dans le
pays d’origine ?
•
Que deviendront les jeunes qui ont terminé leurs études, ou dont le
parcours scolaire a dû s’interrompre faute de titre de séjour, et qui ne
peuvent donc trouver un emploi ?
•
Que deviendront les jeunes qui ont accepté, de guerre lasse, un titre
"étudiant" qui ne reflétait en rien la réalité de leur vie dans notre
pays ?
•
Que deviendront les mineurs isolés devenus majeurs, dont beaucoup
n’étaient pas pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, et qui sont
renvoyés à des dispositions de la législation qui ne règlent rien ?
Quand
par ailleurs, le Ministre de l’Intérieur affecte d’abandonner la
politique du chiffre, mais ne cesse de s’y référer pour revendiquer un
nombre d’expulsions en augmentation et une stabilité des
régularisations, quand il se dote, avec la retenue de 16 heures, d’un
instrument dérogatoire du droit commun à l’encontre des étrangers sans
papiers, on est amené à un triste constat : en matière d’immigration, la
gauche est au pouvoir, mais c’est toujours peu ou prou la droite qui
gouverne.
Pour
RESF en tout cas, et pour tous ceux qui le soutiennent, parmi lesquels
de très nombreux élus socialistes, l’heure reste aux mobilisations de
terrain pour imposer aux préfectures l’appréciation la plus favorable
des situations et surtout pour faire passer l’idée qu’une autre
politique est possible et nécessaire, plus généreuse et plus
respectueuse des droits fondamentaux.
Contacts :
Carole BOHANNE 06 48 26 61 40 (RESF
35) – Jean-Michel DELARBRE 06 89 30 86 15 (RESF 93) – Richard MOYON 06
12 17 63 81 (RESF 92) – Chantal THABOURIN 06 89 35 12 58 (RESF 45) –
Catherine TOURIER 06 81 51 81 44 (RESF 69)
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